là où l’on va

là où l’on va, on n’en sait rien, on ne l’a jamais su, encore faut-il se rappeler de cette ignorance permanente, là où l’on va, une seule certitude, la mort attend, c’est peu de chose de le savoir, et c’est fondamental, cela rend malade dès le plus jeune âge, connaître le chemin vers la mort est impossible, et c’est tant mieux, connaître le réel est impossible, là où l’on approche recule les limites de la connaissance, augmente la curiosité, augmentent les frustrations,

ce ne sont que billevesées, phrases inutiles, pensées en cage, et pourtant l’on continue d’y aller, à pas pressés, à pas lents, de manière débonnaire, ou en courant, ce ne sont que des variations sur un thème immuable, des variations qui occupent les esprits pour pas grand-chose, pour rien, là où l’on va, la mort attend, la mort attend tous les vivants, l’effacement attend tous les morts, l’effacement attend toutes les traces, le silence attend toutes les musiques, la nuit attend le jour, les trous noirs attendent la matière,

depuis que l’animal humain est homme et femme, la faculté de penser plus loin, la faculté d’imaginer qui est le propre de l’homme et de la femme, la faculté d’imaginer fait de l’homme et de la femme des animaux en proie aux pires pensées, ces mauvaises pensées qui ont obligé l’homme et la femme à inventer des dieux, à leur déléguer le soin de promulguer des lois universelles, inventions qui n’ont jamais rien arrangé, qui au contraire ont rendu les pires pensées pires encore, à travers le désir de transgression, là où l’on va, l’on bute contre l’image que l’on voudrait de soi, l’on se cogne contre l’image de cette image, l’on se cogne au réel,

Auteur : Francis J

Écrivain photographe ou photographe écrivain

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